NFT, qu’est-ce que c’est ?
Temps de lecture : 9 min
Chez Némésis studio, plusieurs membres de l’équipe s’intéressent aux NFT, à la cryptomonnaie et à la blockchain en général. C’est d’autant plus vrai depuis que des NFT se vendent pour des millions de dollars. Comment des images numériques ou des tweets peuvent-ils valoir si cher ? Pour le comprendre, nous avons pensé qu’un article sur le sujet pouvait être intéressant, alors bonne lecture !
Sommaire
Qu’est-ce qu’un NFT ?
NFT vient de l’anglais « Non Fungible Tocken » que l’on peut traduire par « Jeton non fongible ». Il s’agit en fait d’une sorte de certificat de propriété d’un actif numérique : image, contenu audio, contenu vidéo, document, etc. Ces NFT s’achètent et se vendent en ligne sous forme de jetons de blockchain.
Par exemple, si vous achetez le NFT d’une image, vous ne recevez pas cette image. Vous devenez propriétaire d’un jeton numérique qui vous donne accès à un fichier numérique enregistré dans une blockchain. Ce fichier représente le certificat d’authenticité de l’image. Dans ce cas, l’auteur de l’œuvre reste titulaire des attributs moraux et patrimoniaux sur son œuvre, sauf si une cession des droits d’auteur ait été prévue.
NFT : un jeton non-fongible ?
Pour vraiment comprendre ce qu’est un NFT, il est utile de se familiariser avec le terme « fongible » :
Le jeton fongible
Les jetons fongibles sont utilisés pour la crypto-monnaie. Ils permettent de stocker de la valeur et d’acheter ou de vendre des biens. Ces jetons fongibles sont comparables à la monnaie fiduciaire comme l’Euro puisqu’ils peuvent être facilement échangés entre eux. Par exemple, vous pouvez échanger une pièce de 2€ contre deux pièces de 1€, et vous aurez toujours 2€. Ainsi, vous pouvez échanger un Bitcoin contre autre chose.
Le jeton non fongible
Les jetons non fongibles sont uniques et non interchangeables. Par exemple, le tableau de la Joconde est unique. Il a d’innombrables copies mais un seul tableau est original et a de la valeur. Avec les NFT, un jeton unique permet de prouver l’authenticité du tableau original et d’attribuer ses droits au possesseur du jeton. Ce possesseur peut alors revendre l’œuvre et son jeton associé ce qui aura pour conséquence de transmettre les propriétés de l’œuvre au nouvel acheteur.
NFT : enregistré sur une blockchain ?
Une blockchain est une sorte de base de données qui stocke des blocs de données. Ces blocs sont reliés entre eux et forment une chaîne de blocs (blockchain). Cette chaîne est souvent comparée à un livre de compte où sont répertoriées toutes les informations et activités liées à cette chaîne de blocs.
Seulement, ce livre a une particularité car il est ce qu’on appelle un registre distribué (DLT). Cela signifie qu’il est enregistré sur un réseau pair-à-pair (P2P). Il s’agit d’un réseau constitué de milliers d’ordinateurs qui enregistrent simultanément chaque nouvelle information du livre. Ainsi, chaque utilisateur sur ce réseau peut voir et vérifier les informations enregistrées par tous les autres. Cela permet de rendre quasiment impossible la falsification ou l’altération de données puisque les informations sont répliquées sur chaque ordinateur du réseau.
Dans le cadre des NFT, ce système permet de prouver l’authenticité des biens que vous achetez. Cela prouve aussi que vous êtes bien le nouveau propriétaire de ce bien.
NFT : n’importe quel contenu ?
À priori, à peu près tout ce que l’on trouve sur Internet peut être « tokénisé ». Par exemple, les NFT du premier SMS et de la première page Wikipédia se sont vendus il y a quelque temps. En mars 2021, le NFT du premier Tweet de Jack Dorsey, cofondateur de Twitter, était vendu pour 2,9 millions de dollars. A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous venons d’apprendre qu’il vient d’être remis en vente pour près de 48 millions de dollars.
just setting up my twttr
— jack⚡️ (@jack) March 21, 2006
Bien entendu, seuls les éléments rares, à l’image des premières versions de contenus cités ci-dessus, ont une réelle valeur. Peut-être même qu’avec le temps, ils deviendront des œuvres historiques à la valeur inestimable. C’est en tout cas ce que doivent espérer leurs propriétaires.
Cependant, il n’y a pas que les « œuvres historiques » qui intéressent les aficionados des NFT. Les œuvres « Cultes » sont elles aussi très prisées. On peut notamment parler des mèmes et gifs qui sont massivement utilisés sur les réseaux sociaux et messageries instantanées. L’exemple le plus connu est sans doute le NFT de « Nyan Cat » qui s’est vendu 580 000$ l’année dernière.
“Everydays: the First 5000 Days” de l’artiste BeepleEnsuite, il y a un réel engouement pour les œuvres artistiques. On peut par exemple mentionner l’image numérique “Everydays: the First 5000 Days” de l’artiste Beeple qui s’est vendue pour 69,3 millions de dollars lors d’une vente aux enchères.
Mais on ne trouve pas que des « œuvres » sur les plateformes de NFT. Le milieu du jeu vidéo surf sur la vague des NFT en mettant en vente des personnages, équipements, bonus, abonnements, etc. Autre exemple, la société Sorare vend des NFT de cartes de footballeurs à collectionner. Ce « panini » numérique voit ses cartes les plus rares s’arracher à prix d’or. L’une des plus rares de Cristiano Ronaldo s’est vendue 243 000 € et une de Kylian Mbappé est estimée à 76 000 €.
Comment fonctionnent les NFT ?
Les NFT sont créés et stockés sur des blockchains compatibles comme Ethereum (ETH). Ils représentent des biens numériques qui ont été « tokenisés ». C’est-à-dire qu’un code unique leur a été attribué comme preuve de leur authenticité. Ainsi, lorsque vous achetez un NFT, vous achetez ce code unique représentant l’actif. Et c’est ce code qui est appelé NFT.
D’ailleurs, il est important de noter que votre jeton ne contient que le code unique de la propriété. Par exemple, l’image dont vous possédez le NFT n’est pas enregistrée avec votre jeton sur la blockchain. C’est seulement son code unique NFT qui l’est. Dans ce cas, il y a de fortes chances pour que l’image liée à votre jeton soit enregistrée sur une plateforme IPFS (InterPlanetary File System). Il s’agit d’une sorte d’énorme bibliothèque de fichiers que vous pouvez consulter en ligne grâce à des hyperliens. Ainsi, vous possédez le NFT de l’image mais pas l’image en tant que telle.
Bref, une fois le processus d’achat terminé, votre jeton NFT est enregistré sur la blockchain. Alors, il ne peut plus être modifié. Comme nous l’avons expliqué plus haut, cela permet à n’importe qui sur la blockchain de vérifier et d’attester l’authenticité de la propriété de votre NFT.
Par la suite, vous pouvez revendre votre NFT sur une plateforme dédiée. Une fois vendu, votre NFT sera à nouveau enregistré sur la Blockchain pour indiquer le changement de propriétaire.
Pourquoi un tel engouement pour les NFT ?
Pourquoi les gens déboursent-ils autant d’argent pour les NFT ? En quoi est-ce avantageux pour des artistes de proposer des NFT de leurs œuvres ? Ces questions ont été les premières que notre équipe s’est posée et nous avons trouvé plusieurs réponses.
Pour les créateurs
Pour commencer, il faut savoir qu’il n’est pas nécessaire de posséder des connaissances approfondies en blockchain pour pouvoir fabriquer et vendre des NFT. Des plateformes permettent de le faire relativement facilement et offrent aux artistes une vitrine numérique mondiale.
Les artistes ont ainsi la possibilité de vendre leur travail à l’international. Cela augmente leur visibilité mais aussi leur capacité à réaliser plus de ventes et de gagner des revenus plus stables.
De plus, grâce aux NFT, plus besoin de passer par des intermédiaires comme des galeries d’arts ou des agents. Les artistes peuvent ainsi conserver tous les bénéfices tirés des ventes de leurs œuvres sans avoir à en reverser une partie à un tiers (sauf, bien entendu, si la plateforme utilisée pour gérer les NFT prend une commission).
Enfin, le créateur d’un NFT peut ajouter une clause de redevance dans le jeton. Cela lui permet de toucher des revenus même après l’avoir vendu. Il peut, par exemple, recevoir un pourcentage du profit à chaque vente de son œuvre. De cette façon, si le jeton devient vraiment populaire et voit sa valeur augmentée, il continuera de toucher des revenus.
Pour les acheteurs
Les NFT sont des actifs cryptographiques décentralisés qui ne sont pas encore totalement juridiquement contrôlés. Par exemple, en France, les utilisateurs de NFT peuvent en acheter, en vendre et en échanger sans taxes jusqu’à 5 000€. Au-delà, un taux d’imposition de 36,2% s’applique.
Mais ce qui séduit avant tout les acheteurs, c’est l’aspect spéculatif des NFT. Un tout nouveau marché d’objets de collection et de contenus numériques en tout genre s’offre à eux. Ainsi, ils achètent des NFT et espèrent les revendre plus cher pour en tirer un bénéfice. Les NFT uniques et rares sont d’ailleurs les plus prisés car ils peuvent rapporter gros.
La rareté étant un critère important pour ces utilisateurs, la blockchain leur permet de vérifier l’authenticité de presque tout ce qui est numérique. Ils peuvent ainsi spéculer sur des NFT plus ou moins rares en espérant qu’ils prendront de la valeur dans le temps.
Face à cet engouement pour la rareté, de nombreux créateurs ont lancé des collections de NFT qui offrent des avantages, comme faire partie d’une communauté. L’une des plus populaires est « Bored Ape Yacht Club » (BAYC) qui regroupe les propriétaires des 10 000 singes de la collection. Chaque singe a un degré de rareté en fonction de sa couleur, son expression ou encore ses accessoires. Plus l’un des éléments de l’image est rare, et plus le NFT du singe est cher. Actuellement, les singes les plus abordables se vendent près de 250 000 $.
Ces NFT servent de photo de profil à leurs acquéreurs (notamment sur Twitter et Discord) mais offrent aussi un accès privilégié à la communauté Bored Ape Yacht Club. De nombreuses célébrités participent à l’engouement des BAYC comme Jimmy Fallon, Justin Bieber ou encore Paris Hilton en exhibent fièrement leurs singes sur les réseaux sociaux. Acheter un NFT de collection devient alors un moyen d’étaler sa richesse, de prouver sa réussite ou encore de montrer son statut social.
Enfin, l’une des particularités des blockchains est que la plupart sont « anonymes ». C’est-à-dire que vous pouvez, si vous le souhaitez, interagir sur la plateforme avec un pseudonyme. Ainsi, vous pouvez acheter ou vendre des NFT sans que vos informations personnelles ne soient présentes sur la blockchain.
Quels sont les risques liés aux NFT ?
L’engouement autour des NFT peut vite faire oublier les risques liés à cette technologie. Pourtant, ils sont bien réels et doivent être pris en considération pour faire bon usage des NFT.
Investissement incertain
Si vous envisagez d’acheter un NFT en tant qu’investissement, sachez qu’il n’y a aucune garantie que sa valeur augmentera. Alors que certains NFT se vendent pour des milliers ou des millions de dollars, d’autres peuvent rester ou devenir sans valeur.
Vol et piratage
Beaucoup s’accordent à dire que la blockchain est un fabuleux moyen pour vérifier l’authenticité d’un contenu digital. Seulement, la blockchain qui héberge un NFT n’a aucun moyen de vérifier si ce jeton a été créé à partir d’un contenu original. Ainsi, certains utilisateurs créent des NFT d’œuvres qui ne leur appartiennent pas. Cela s’apparente à du vol mais l’absence de réglementation sur les marchés NFT rend difficile le retrait de ces jetons. Il est ainsi très difficile pour les artistes de faire valoir leurs droits et de toucher l’argent généré par ces jetons contrefaits.
Rareté ambiguë
Le concept de rareté et d’unicité autour des NFT est plus que discutable. En effet, plusieurs jetons peuvent être créés à partir de la même œuvre. Chaque jeton peut alors être numériquement unique, mais il est pratiquement impossible de le distinguer d’une autre copie de l’œuvre originale.
Propriété partielle
La propriété du NFT n’accorde pas à l’acheteur la propriété de l’œuvre originale, mais uniquement le jeton qui en est tiré. De plus, la propriété du jeton ne donne pas à l’acheteur tous les droits sur l’œuvre comme le ferait l’achat d’art traditionnel. N’ayant pas de valeur tangible, ni de forme physique, cela rend leur fonction très discutable.
Conséquences environnementales
La création de NFT, ainsi que toute transaction cryptographique, nécessitent une énorme quantité d’énergie pour créer des fichiers. Le jeton créé et acheté est peut-être virtuel, mais les émissions de carbone qu’il ajoute à l’environnement sont bien réelles. Cela fait des NFT un danger environnemental important à long terme si leur utilisation n’est pas bien encadrée.
Quel avenir pour les NFT ?
À mesure que la technologie et le concept progressent, les NFT laissent envisager de nombreuses applications dont voici quelques exemples :
Garantir l’authenticité d’un objet physique
En associant un NFT a un objet physique (par exemple avec un QRcode sur le produit), nous pourrions vérifier son authenticité. Cela pourrait permettre, par exemple, de lutter contre la contrefaçon ou le recel, notamment d’objets de luxe.
Assurer la traçabilité et la transparence des produits
Des informations complémentaires pourraient faire partie des NFT afin d’assurer la traçabilité d’un produit tout au long de sa vie. Par exemple, récemment, de nombreux produits Kinder ont été rappelés et retirés de la vente suite à une épidémie de salmonellose. Grâce aux NFT, l’entreprise aurait pu facilement prévenir les possesseurs des références concernées.
Ces informations complémentaires pourraient aussi contenir des données sur les méthodes de fabrication ou tout autre élément utile à l’utilisateur.
Sécuriser la billetterie
On voit de plus en plus de systèmes de tickets se dématérialiser (tickets de transport, places de concert, billets d’avion, etc.) Les NFT pourraient apporter plus de sécurité à ces systèmes en contribuant à lutter contre la fraude. Il ne serait plus possible alors de falsifier un billet ou de revendre de fausses places de concert.
Simplifier les transactions immobilières
Les NFT sont utilisés pour transférer des titres de propriété et fournir des preuves. En utilisant une blockchain, toutes les informations du bien et des personnes concernées par une vente immobilière pourraient déjà être enregistrées. Il n’y aurait plus qu’à rédiger un smart contract dont le rôle serait de vérifier que toutes les conditions requises à la vente sont bien respectées. Si oui, le paiement serait automatiquement effectué. Les démarches pourraient alors prendre quelques jours au lieu de plusieurs mois.
Simplifier les démarches et réduire l’impact environnemental de certains secteurs d’activité
Nous avons vu plus haut que l’utilisation actuelle des NFT était très énergivore et avait un impact négatif sur l’environnement. Seulement, à contrario, les NFT et le système de blockchain pourraient permettre à certains secteurs de simplifier leurs processus et réduire considérablement leurs besoins en énergie. C’est notamment le cas du secteur bancaire : tout est informatisé mais les banques communiquent sans cesses entre elles ou avec d’autres organismes. La quantité de données échangées est colossale et très énergivore. Une blockchain et des NFT pourrait alors considérablement réduire la quantité de données échangées et ainsi considérablement réduire la quantité d’énergie utilisée.
Conclusion
Les NFT sont fascinants mais encore à leurs balbutiements. L’utilisation qui en est faite aujourd’hui ne représente qu’une infime partie de leur potentiel. Beaucoup pensent qu’ils représentent les prémisses d’un mode de véritable libre-échange. Seulement, cela semble juridiquement et écologiquement très lointain. Sans plus d’encadrement légal, de nombreuses dérives sont à craindre. Seul le temps pourra nous dire si les NFT sont un phénomène passager ou une réelle révolution. Affaire à suivre ! En attendant, nous espérons que cet article aura pu vous aider à y voir plus clair sur les NFT. Comme d’habitude, nous restons à votre écoute alors n’hésitez pas à contacter notre équipe d’experts !
Tous droits de reproduction et de représentation réservés © Némésis studio. Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par Némésis studio. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de Némésis studio. Némésis studio ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.